Pourquoi faut-il se marier pour mieux divorcer ? Anatomie d’un cynisme contemporain

Un monde sans attache

L’homme stratège du divorce ne veut plus d’attaches. Il ne veut pas d’amour, ni d’immobilier, ni même de confort matériel. Il veut circuler léger. Il veut pouvoir partir du jour au lendemain sans se retourner. Il considère que la carrière est une prison, et que le travail ne sert qu’à engraisser un système qui le méprise. Il faut donc gagner juste assez pour survivre, mais pas assez pour se faire dépouiller. Pourquoi faut il se marier, dans ce contexte ? Pour profiter du système, le temps que cela rapporte. Puis s’en échapper, libre et sans dette.

Ce discours semble extrême. Et pourtant, il trouve écho chez de nombreux jeunes hommes. Ils regardent leurs aînés, broyés par les pensions alimentaires, ruinés par les jugements de divorce, coupés de leurs enfants, et ils ne veulent pas de cette vie. Alors ils planifient autrement. Froidement. Méthodiquement.

Une logique de sacrifice

Paradoxalement, ces hommes ne sont pas tous des cyniques sans cœur. Beaucoup sacrifieraient tout pour leurs enfants. Ils renoncent à la carrière, aux ambitions, au confort, uniquement pour rester proches d’eux. Ils savent qu’en cas de divorce conflictuel, la mère obtient souvent la garde exclusive. Alors ils vivent pauvres, présents, investis. Ils dorment dans de petits logements, changent d’emploi régulièrement, refusent toute promotion.

Pourquoi faut il se marier dans ce cas ? Parce qu’il faut des enfants. Et pour avoir des enfants, dans certaines cultures ou logiques sociales, il faut passer par le mariage. Mais l’idée n’est plus d’aimer, ni de s’installer, ni de construire. Il s’agit de produire une descendance, de s’assurer un lien biologique. Et ensuite, de tout faire pour ne pas en être exclu.

Ce mode de vie est un sacrifice permanent. Il repose sur une guerre de positions. L’homme y devient une sorte de guerrier domestique, qui lutte contre sa propre épouse, qui ne la voit plus comme une compagne, mais comme une menace latente.

La société contre l’homme

Dans ce tableau très noir, les institutions juridiques sont perçues comme ennemies. Le juge, souvent décrit comme féminisé ou féministe, donne systématiquement raison à la mère. La loi protège la femme, pas l’homme. Les biens du foyer deviennent ceux de l’épouse. Le père devient un visiteur dans la vie de ses enfants.

Dans cette vision, le mariage devient un piège juridique tendu par l’État à l’homme naïf. Il se marie avec de bonnes intentions, il pense qu’en cas de crise, la justice tranchera avec équité. Erreur fatale. L’épouse a tous les pouvoirs, toutes les armes. Elle peut détruire une carrière, priver un père de ses enfants, et repartir avec le canapé, la télé, et jusqu’au caleçon.

Dès lors, pourquoi faut il se marier ? Pour ceux qui partagent cette vision, la réponse est claire : seulement si on est prêt à perdre. Et donc, il faut se préparer à perdre. Anticiper. Prendre de l’avance. Planifier l’échec comme une étape inévitable.

L’amour n’existe plus

Dans cet univers mental, l’amour a disparu. Ce n’est plus qu’une ruse pour obtenir des faveurs, un masque qu’on porte temporairement. On ne promet plus rien. On couche. On cumule les conquêtes. Et dès que la routine s’installe, on passe à autre chose.

Cette vision pousse à un nomadisme sentimental et sexuel où la femme est réduite à une fonction : reproduction, sexe, foyer temporaire. Mais dès qu’elle cesse d’être utile, elle est rejetée. Jetée. Car elle représente un risque. Un gouffre financier. Une trahison annoncée.

Pourquoi faut il se marier dans ce monde ? Parce qu’on a trouvé un bon plan. Une femme soumise. Une étrangère docile. Un contrat avantageux. Et surtout, parce qu’on a prévu de ne rien laisser.

Le cas des sociétés riches : Bezos et les autres

Certains objecteront que l’argent résout tout. Qu’un homme comme Jeff Bezos peut divorcer, donner 40 milliards à son ex-femme, et continuer à vivre confortablement. Certes. Mais pour le commun des mortels, la perte du foyer, des économies, des enfants, est un cataclysme. Alors mieux vaut ne rien construire.

Et paradoxalement, mieux vaut être pauvre. Car plus on possède, plus on a à perdre. Celui qui n’a rien peut divorcer sans douleur. Il ne pleure ni villa, ni voiture, ni carrière. Il ne laisse rien à la « micheline ». Voilà, selon cette logique, quels sont les avantages d’un mariage sans patrimoine : il n’y a rien à voler.

L’éducation des fils

L’un des derniers messages de cette philosophie de vie est clair : il faut éduquer les fils à se méfier des femmes. À ne pas tomber amoureux. À ne pas croire au couple. À se protéger. À anticiper. Car leur avenir dépend de cette lucidité brutale.

Pourquoi faut il se marier ? Pour les enfants. Et ensuite, pour leur apprendre à ne jamais refaire la même erreur. C’est une transmission intergénérationnelle du cynisme. Une école de la défiance.

L’amour, dans cette optique, est un piège que seuls les naïfs prennent encore au sérieux. Le vrai amour, c’est l’argent. L’amour avec un grand A, comme « Argent », comme on dit à Pataya. Tout le reste est illusion.

L’échec assumé

En fin de compte, le message est glaçant, mais clair : le mariage est un échec annoncé. Un contrat qu’on signe pour mieux le rompre. Un champ de bataille à venir. L’idée même de « vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants » est tournée en dérision.

Alors pourquoi faut il se marier ? Parce que le système l’exige encore parfois. Pour avoir des enfants, pour obtenir un visa, pour des raisons sociales ou culturelles. Mais jamais pour aimer. Jamais pour construire. Juste pour préparer le divorce.

Une stratégie extrême, mais révélatrice

On pourrait balayer cette vision d’un revers de main, en la taxant de misogyne ou de paranoïaque. Et sans doute l’est-elle. Mais elle dit quelque chose d’important sur notre époque : le couple est en crise profonde. La confiance a disparu. Le mariage n’est plus un abri, mais un piège. Une zone de risque.

Face à cela, chacun doit répondre à sa manière à la question pourquoi faut il se marier. Pour certains, la réponse reste : par amour, par foi, par désir de famille. Mais pour d’autres, elle devient : pour organiser sa sortie. Pour avoir des enfants, puis partir. Pour éviter de tout perdre. Pour ne pas finir ruiné, humilié, broyé.

En conclusion

L’idéologie qui consiste à se marier pour divorcer n’est pas seulement une aberration morale. C’est le symptôme d’une société où la peur, la défiance et la rancœur ont remplacé l’amour et la coopération. Une société où le mariage n’est plus l’horizon, mais un moyen temporaire d’obtenir ce que l’on veut, avant de fuir.

Ceux qui défendent cette stratégie ne cherchent pas à aimer. Ils cherchent à ne pas perdre. Et leur réponse à pourquoi faut il se marier est donc parfaitement cohérente dans leur logique : parce qu’on a tout prévu pour que ça se termine sans douleur.

Mais ce calcul froid, cette préparation minutieuse de la débâcle, ne laisse aucune place à l’espoir. Il transforme la vie conjugale en champ miné, les femmes en ennemies, les enfants en otages, et l’homme en soldat de sa propre solitude.

Alors, pourquoi le mariage ? Pour certains, c’est encore un rêve. Pour d’autres, un cauchemar bien organisé. Et pour les plus lucides (ou les plus cyniques), une guerre qu’il faut savoir perdre avec le moins de dégâts possible en cas de décès de l’amour.