Vivre avec 100 euros par mois en Inde : une réalité brute

Vivre en Inde avec 100 euros par mois. Cela paraît absurde, irréaliste, voire suicidaire. Et pourtant, certains y parviennent. À Auroville, une communauté internationale fondée à la fin des années 60 dans le sud-est de l’Inde, aux abords de Pondichéry, un homme vit depuis 15 ans dans une forme d’extrême dépouillement matériel, après avoir tout quitté : entreprise, confort occidental, compagne, argent, et projets. L’objectif ? Trouver la paix intérieure, une autre forme de bonheur. Le résultat ? Une désillusion violente. Voici son histoire.

De l’entreprise au désert : le grand saut

Il y a 15 ans, il a fait un burnout. Trop de pression, trop de fatigue, trop de compromis. Il dirigeait une entreprise dans le marketing, en pleine croissance. Mais il a craqué. Il a tout plaqué. Avec les quelques économies restantes et sa femme, il a décidé d’aller vivre en Inde, plus précisément à Auroville. À l’époque, ce lieu l’avait fasciné : un projet soutenu par l’UNESCO, une ville utopique sans propriété privée, sans argent au sens traditionnel, en pleine nature, avec une communauté cosmopolite censée œuvrer pour un monde meilleur.

C’était le rêve d’une autre vie, d’un idéal. Mais très vite, la réalité a rattrapé l’utopie.

La rupture et la descente

Après 15 ans de vie commune, le couple explose. Il quitte la maison qu’ils avaient achetée avec leurs dernières économies. Il fait le choix de partir sans rien prendre, tout laissant à son ex-compagne. Une erreur qu’il reconnaît amèrement aujourd’hui : il s’est fait plumer, selon ses propres termes. Ce fut le point de départ d’une lente dégringolade vers la précarité la plus absolue.

Aujourd’hui, il vit avec 100 euros par mois. Une somme dérisoire, à peine suffisante pour survivre. Et pourtant, il tient.

Que couvre 100 euros par mois ?

La somme couvre un repas par jour, un café quotidien (son seul vice assumé), du savon, quelques bières le samedi, et la location d’un vélo électrique. Une vie extrêmement frugale. L’argent provient en partie de sa mère, qui lui envoie 50 euros chaque mois. Le reste vient d’Auroville, qui lui accorde une sorte de “soutien minimal” : un repas quotidien dans un buffet et l’équivalent de 30 euros d’achats dans un magasin local.

Pas de loyer, pas d’électricité classique, pas d’eau chaude. Il vit dans une cabane de 18 m² qu’il a construite lui-même, à la main, avec du bois récupéré dans la forêt. Aucun mur sur certains côtés. Pas de confort, juste un toit et un peu de protection contre la nature.

Survivre ou vivre ?

Vivre en Inde dans ces conditions, ce n’est pas vraiment vivre. C’est survivre. Il l’admet sans détour. Il ne se sent plus libre, plus heureux. Le projet d’Auroville, autrefois prometteur, est devenu pour lui une cage dorée. Il n’a plus de loisirs, plus d’avenir dans cette communauté. Pire, il affirme que les étrangers ne sont plus les bienvenus.

Et pourtant, il a tout donné. Pendant des années, il a travaillé dur : plantation d’arbres, construction, missions techniques sur des bâtiments complexes. Il a mis toute son énergie, sans jamais chercher la rentabilité. Aujourd’hui, il n’a rien. Zéro patrimoine. Aucun filet de sécurité. Pas même de quoi aller voir sa mère en France. Même un soin dentaire est hors de portée.

Le quotidien : entre forêt, eau de puits et récupération

Vivre en Inde avec 100 euros par mois impose des choix radicaux. Il ne mange qu’une fois par jour, mais à sa faim grâce au buffet d’Auroville. L’eau vient d’un puits, filtrée naturellement par la forêt – selon lui, une des meilleures eaux qu’il ait jamais bues. Pas de vêtements neufs : tout vient du magasin gratuit de la communauté. Il n’a pas acheté un seul vêtement depuis des années. Son électricité provient d’une batterie de scooter qu’il recharge chez un voisin.

Pas d’eau chaude, pas de soins médicaux, pas de chocolat, pas de fromage. Tout cela est devenu inaccessible.

Un homme à terre, mais lucide

Il ne se pose pas en victime. Il assume ses choix. Il a rejeté l’argent, refusé des partenariats, fermé son entreprise alors qu’elle fonctionnait. Il reconnaît s’être saboté. Aujourd’hui, il en paie le prix fort. Il a touché le fond, dit-il. Une prison sans barreaux. Une prison dans la nature.

Ses dents le font souffrir. Il a besoin de soins urgents. Il y a deux centres dentaires à Auroville, mais même avec 50 % de réduction, il ne peut pas payer. Il vit avec la honte de sa condition physique, la douleur constante, l’humiliation de devoir choisir entre une bière et un soin de santé.

Repartir de zéro, une dernière fois

Il sait qu’il doit partir. Il ne peut plus rester à Auroville. Il a huit mois pour générer assez d’argent pour recommencer ailleurs. Où ? Il ne sait pas. Mais il est prêt à tout, ou presque. Il ne veut pas sombrer dans l’illégalité, refuse de sombrer dans le trafic d’êtres humains ou d’armes, mais il est prêt à enchaîner les travaux les plus ingrats.

Il le dit avec force : il est capable de travailler jusqu’à l’épuisement. Il a une très grosse capacité de travail. Ce qu’il veut désormais, c’est une chose simple : la liberté. Et pour lui, cela passe par l’argent.

Le retour de l’argent : une nécessité vitale

Il le dit sans honte : il veut renouer avec l’argent. Pas pour l’argent lui-même, mais pour ce qu’il permet : entreprendre, bouger, vivre. Vivre en Inde sans argent, c’est vivre sans choix. Il a passé des années à refuser les opportunités. Aujourd’hui, il ne refera pas la même erreur.

Il cherche à créer une chaîne YouTube, il ouvre un Patreon, il veut raconter son histoire, documenter la réalité d’Auroville, témoigner de ce que vivre en Inde avec 100 euros signifie réellement. C’est brut, c’est cru, c’est réel.

Vivre en inde : Une utopie brisée

Ceux qui rêvent d’aller vivre en Inde doivent entendre cette histoire. Oui, la vie y est moins chère. Oui, certaines choses y sont accessibles. Mais vivre en Inde avec 100 euros, ce n’est pas un choix de vie, c’est une lutte quotidienne. Une lutte contre la faim, contre la solitude, contre le mépris, contre l’oubli.

Auroville, cette ville rêvée par ses fondateurs, semble aujourd’hui s’être refermée sur elle-même. Les barrières sont là, les accès fermés. Les étrangers ne sont plus les bienvenus. Les idéaux communautaires semblent s’être effondrés dans le silence des bulldozers qui détruisent les forêts plantées à la main.

Mérite-t-il de devenir millionnaire ?

Il répond avec franchise : il mérite sa situation actuelle, parce qu’il l’a choisie. Mais il veut se battre pour mériter autre chose. Il veut pouvoir acheter un billet d’avion, se soigner, s’habiller, entreprendre. Il veut pouvoir aider ceux qui, comme lui, ont cru aux rêves d’ailleurs et se sont perdus en chemin.

En conclusion : une leçon de lucidité

Vivre en Inde, ce n’est pas seulement des plages, du yoga et des currys pas chers. C’est aussi, pour certains, une fuite, une tentative de réinvention qui tourne au naufrage. Quand on choisit de tout lâcher pour une utopie, on doit être prêt à en assumer le prix. Et le prix peut être violent.

Aujourd’hui, il ne demande pas la charité. Il demande une seconde chance. Il veut prouver qu’il peut rebondir, qu’il peut encore créer, entreprendre, construire. Mais cette fois, avec de l’argent. Et non plus contre lui.

Il a mis tous ses œufs dans le même panier. Il a cru à un monde sans argent. Il en ressort brisé, mais pas vaincu. Ce témoignage est une alerte pour tous ceux qui envisagent de partir vivre en Inde. Réfléchissez. Préparez-vous. Et surtout, ne laissez pas l’utopie vous dévorer tout entier.