Voyager en Thaïlande en Vélo Pliable : Un Choix Radicalement Libre

À l’heure où voyager devient un business d’image, entre backpackers en quête de photos Instagram et touristes formatés, certains font le choix d’une liberté radicale : explorer la thailande en velo, et plus précisément en vélo pliable. Un choix marginal, atypique, parfois risqué, mais foutrement jouissif pour peu qu’on accepte de sortir des sentiers battus et de faire face à la réalité brute du terrain.

Loin des scooters de location, des minivans climatisés ou des tuk-tuks attrape-touristes, enfourcher un vélo pliant en Thaïlande, c’est revenir à une forme de simplicité, d’autonomie et de mobilité intelligente. Ce n’est pas pour tout le monde, mais pour ceux qui l’osent, c’est une claque. Une claque de liberté, d’imprévus, et de bonnes grosses galères aussi. Retour d’expérience brut, sans filtre.

L’outil de la liberté : le vélo pliable

Le vélo utilisé ici n’a rien de prestigieux. Ce n’est pas un Brompton hors de prix. C’est un vélo d’occasion, acheté pour moins de 100€, freins à disque rouillés, vitesses fonctionnelles, pneus usés. Bref, du matos simple, efficace, pliable en deux ou trois mouvements, parfait pour rentrer dans un coffre de taxi, un bus ou un bateau. On est loin des gadgets inutiles. On parle ici d’un outil brut de transport.

Le pliage est intuitif : une charnière au centre du cadre, une autre au guidon, et une tige de selle ajustable. Une fois replié, il devient un bagage qu’on trimballe partout. Le plus important ? Qu’il ait des vitesses. Sans vitesses, oubliez. Les montées vous tueront, littéralement.

Pourquoi ne pas louer un scooter ?

C’est la première question que tout le monde pose. Réponse simple : les emmerdes. Entre les casques obligatoires, les permis de conduire introuvables, les amendes arbitraires, les risques d’accident, les rayures suspectes qui coûtent un rein à la restitution du scooter, la galère du carburant et l’emprise constante de la location, c’est non.

Un vélo pliable ? Tu le poses, tu le plies, tu l’embarques. Pas d’essence, pas de paperasse, pas de stress. C’est ta bécane. Elle t’appartient. Tu fais ce que tu veux avec.

L’invisible parmi les touristes

Ce qui frappe, c’est que presque personne ne voyage ainsi. Des scooters partout, des vans remplis, mais des voyageurs à vélo ? Nada. Une solitude presque comique. Mais une solitude choisie, celle de ne pas faire comme tout le monde. Et cette marginalité, elle paie. On passe là où personne ne passe. On entre dans les forêts, les petits chemins, les ruelles étroites. Là où les scooters se bloquent, le vélo passe. Certes, ce n’est pas un VTT, mais avec un peu de roublardise, il fait le job.

Les terrains favorables

La Thaïlande n’est pas uniforme. Certaines régions sont plates, idéales pour pédaler. Rayong, Chantaburi, Trat, Cosamet, Comac, tous ces coins offrent des routes douces, accessibles, où le vélo devient un plaisir quotidien. Dans ces villes, le vélo est même plus rapide que le scooter. Pourquoi ? Parce qu’on se faufile. On passe sur les trottoirs, on grille les bouchons. En ville, sur des trajets de 10 km max, le vélo pliable est imbattable.

Et sur les îles ? Pareil. Comac, Cosamet, Cokoud… des paradis où circuler en vélo est non seulement faisable, mais même recommandé. À l’arrivée en bateau, hop, on déplie le vélo, et c’est parti pour l’aventure.

Les vraies limites

Il y en a, bien sûr. Notamment les pentes. Des endroits comme Cokoud ou Coach Chang sont carrément hardcore. À Cokoud, c’est un massacre musculaire. À Coach Chang, le début du trajet est tellement raide que tu finis par pousser le vélo comme un mulet. Faut être clair : le vélo pliable n’est pas fait pour grimper des montagnes. C’est pour les zones plates ou modérément vallonnées. Si tu veux t’attaquer à des cols, change de monture.

Autre limite : la distance. Faire plus de 20-30 km à vélo sous le cagnard, c’est un sport extrême. Donc dès que ça dépasse un certain seuil, il faut penser multimodal. Taxi, bus, van, bateau… Le vélo se plie et suit le mouvement. C’est là sa force.

Transport : tolérance variable

En taxi, aucun problème. Tu le fous dans le coffre, personne ne moufte. Pas de supplément, pas de remarques, parfois même le chauffeur aide à le charger. C’est nickel.

En minivan, c’est autre chose. Là, il faut souvent payer pour un siège supplémentaire. Pourquoi ? Parce que le vélo prend la place d’un passager. C’est le jeu. Ça coûte deux fois le prix parfois. Mais vu que les trajets coûtent que dalle (genre 5€ pour 3 heures), même en doublant, tu restes dans un budget ridicule. Et au moins t’es peinard à l’arrivée.

Sur les bateaux, ça dépend. À Cosamet, aucun souci. À Comac, pareil. À Cokoud, tranquille. Mais à Coach Chang, ça a coincé. Parc national, règles floues, refus d’embarquer le vélo. Résultat : vélo laissé derrière, location d’un autre sur place. C’est le seul vrai hic rencontré.

L’économie comme style de vie

Voyager en thailande en velo, c’est aussi une affaire de pognon. Pas de location de scooter à 150-200 bahts par jour, pas d’essence, pas de caution, pas de passeport à laisser entre les mains de types douteux. Un vélo, tu l’achètes une fois, et basta. Sur une période d’un mois, l’économie est nette. Et au bout, tu peux même le revendre si t’es malin.

Même en comptant les quelques trajets en van où il faut raquer un supplément, ça reste dérisoire comparé au coût cumulé de la location d’un scooter, de ses problèmes et de l’essence.

L’alternative électrique ?

Tenté par un vélo électrique ? Pourquoi pas. Mais attention aux pièges. En Thaïlande, il n’y a quasiment pas de bornes de recharge publiques. Si la batterie n’est pas amovible, c’est mort. Il faut une batterie que tu peux détacher, emmener à l’hôtel et brancher. Autonomie moyenne : 40 à 50 km. Suffisant pour la majorité des déplacements. Mais encore une fois, le vélo électrique c’est plus lourd, plus cher, plus dépendant. Pas toujours le bon choix.

Des recommandations franches

Si vous voulez vous lancer, quelques conseils s’imposent :

• Prenez un vélo pliable avec vitesses. Sans vitesses, vous allez crever dès la première côte.

• Ne prenez pas les modèles trop petits. Certains vélos type Decathlon « mignons » sont un enfer à pédaler sur des longues distances.

• Pensez à l’usage multimodal. Votre vélo doit pouvoir rentrer dans un taxi, un bus, un bateau. Ne cherchez pas à tout faire en pédalant.

• Faites gaffe aux routes. Certaines routes thaïlandaises sont des pièges à cyclistes. Soyez visibles, prudents, et évitez les grandes nationales quand c’est possible.

Des régions idéales

Même si le test s’est fait principalement dans le sud de Pattaya, ce mode de voyage est valable dans tout le pays. Dans des zones comme dans le nord de la thaïlande, ou même à chiang mai, les routes secondaires, les collines douces et les campagnes ouvertes sont idéales pour rouler tranquille.

Le plus important reste de comprendre que faire du vélo en Thaïlande, ce n’est pas un caprice de touriste bobo. C’est une vraie manière de voyager autrement. Plus proche des gens, plus libre, plus imprévisible. On vit les lieux, on ne fait pas que les consommer.

Conclusion : une philosophie du voyage

Ce choix du thailande en velo, ce n’est pas juste un délire logistique. C’est un positionnement. Refuser l’artificialité du tourisme organisé, reprendre le contrôle de ses déplacements, vivre le pays à hauteur d’homme, sentir la chaleur sur la peau, les odeurs de bouffe dans les rues, la poussière sur les mollets.

Oui, il y aura des galères. Oui, il faut du courage

. Mais la liberté que ça procure est inégalable. On n’est pas là pour consommer du paysage derrière une vitre. On est là pour le traverser, le respirer, le transpirer.

Le vélo pliable en Thaïlande, c’est la révolte silencieuse du voyageur qui veut vivre son propre film, sans metteur en scène. Une liberté à deux roues, sans essence, sans permis, sans barrière.