Piller les pilleurs : la véritable histoire de la colonisation vue autrement

La version officielle de l’histoire coloniale est connue de tous : des empires européens avides ont traversé les océans pour exploiter les territoires africains, y imposant leur loi, leur langue, leur culture, et surtout, leur domination. Mais cette narration classique tient-elle encore debout si l’on remonte vraiment le fil de l’histoire, non pas de quelques siècles, mais de plusieurs millions d’années ? 

Et surtout, peut-on encore prétendre qu’il existe une direction unique au pillage : de l’Europe vers l’Afrique ? Ou faut-il plutôt comprendre que nous sommes tous issus d’un même point, d’un même chaos originel, et que l’histoire de la domination est bien plus circulaire qu’on ne le croit ? Il est peut-être temps de piller les pilleurs — pas dans le sens de vengeance, mais dans celui d’une relecture brutale, nue et sans fard de ce que nous sommes vraiment.

L’Afrique, berceau de tout et de tous

Homo sapiens : un Africain d’abord

La base biologique de l’humanité ne laisse que peu de place à l’interprétation : tout commence en Afrique. Il ne s’agit pas d’une théorie marginale mais du consensus dominant dans la recherche scientifique : nos ancêtres, qu’ils soient australopithèques, homo habilis, homo erectus ou enfin homo sapiens, sont tous apparus sur le sol africain. 

Pas une autre terre n’a vu naître autant de branches de l’humanité. La souche unique, celle de l’humanité moderne, provient donc sans contestation du continent africain.

Il y a environ 300 000 ans, Homo sapiens voit le jour. Pas une version expérimentale, pas une esquisse : c’est nous. Il avait déjà nos traits, nos émotions, notre capacité de violence et de poésie. Et c’est depuis l’Afrique qu’il s’est répandu dans le monde, balayant les espèces humaines concurrentes (Homo Neanderthalensis, Homo Floresiensis…) par croisements, guerres, ou extinction pure et simple.

Une colonisation planétaire avant l’heure

Homo erectus, son prédécesseur, avait déjà amorcé ce mouvement. Il y a 1,8 million d’années, il sortait d’Afrique pour coloniser l’Asie, l’Europe et au-delà. Ce fut la première grande colonisation de l’histoire humaine. Alors qu’on parle souvent de la colonisation européenne comme du péché originel, la réalité anthropologique est plus crue : les premiers colonisateurs furent des Africains.

Coloniser n’est pas une invention moderne. Ce besoin de conquérir, de s’installer, de dominer un espace étranger est profondément inscrit dans le logiciel biologique de l’humain. Alors oui, piller les pilleurs, c’est aussi reconnaître que ce mouvement de conquête ne vient pas d’un peuple ou d’un continent, mais bien de l’espèce humaine dans son ensemble, dans son ADN primitif.

Schizophrénie identitaire et incohérences contemporaines

L’Afrique est-elle encore un territoire à fuir ?

Beaucoup de personnes issues du Maghreb ou de l’Afrique subsaharienne vivent en France et clament leur haine de ce pays. Mais s’ils la détestent tant, pourquoi y restent-ils ? Voilà une question qui dérange, mais qui mérite d’être posée frontalement. Pourquoi rester sur une terre que l’on vomit ? Pourquoi ne pas revenir vers ce continent africain que l’on porte pourtant fièrement comme étendard ?

Deux explications ressortent de façon brutale mais lucide :

1. Un héritage mental colonial : Beaucoup de Nord-Africains et d’Africains francophones ont grandi avec une image idéalisée de la France. Durant la colonisation, la France représentait la modernité : l’automobile, le cinéma, les technologies, les routes, les ponts. Inconsciemment, cette image a produit un sentiment d’infériorité, une croyance tenace que tout ce qui a de la valeur vient de l’Occident. Ce conditionnement culturel rend le retour difficile.

2. Une raison purement matérielle : les aides sociales françaises. CAF, RSA, CMU, chômage… Autant de dispositifs qui transforment la France en pompe à fric. En vérité, nombreux sont ceux qui ne restent pas pour l’amour du camembert mais pour le frigo plein à l’œil. Enlever ces aides, et il n’est pas sûr que les flux migratoires resteraient identiques.

Aides sociales : générosité ou malédiction ?

La CAF et ses cousines — RSA, sécurité sociale, CMU — sont perçues comme des signes de générosité. Mais cette générosité attire, et l’attraction peut être mortelle. Chaque jour, des gens se noient en Méditerranée pour rejoindre ce mirage. Si la France n’offrait aucune aide, ces morts n’auraient peut-être jamais quitté leur pays, et auraient, peut-être, bâti quelque chose sur leur propre sol. Une tragédie donc, non pas de misère, mais d’illusion.

Le vrai scandale n’est pas d’aider, mais de nourrir un système qui pousse des milliers de personnes à risquer leur vie pour un rêve social. Un rêve vendu à coup de clichés, de faux récits, de promesses creuses, qui se fracassent sur les rochers de Lampedusa ou de Calais.

Histoire inversée : quand l’Afrique colonisait l’Europe

L’origine commune et la mémoire effacée

Retour à la case départ : si l’Homo sapiens vient d’Afrique et a colonisé la planète, alors les Européens modernes sont les descendants des colonisateurs africains. Et là, toute la rhétorique classique sur la colonisation s’effondre.

L’histoire officielle présente l’Europe comme l’agresseur, le colonisateur absolu, la source unique du mal. Mais cette lecture est à la fois limitée et hypocrite. L’Afrique a d’abord colonisé l’Europe — il y a des dizaines de milliers d’années. Le premier Européen était un Africain. Voilà une vérité qu’on aime peu rappeler. Et pourtant, elle explose la hiérarchie fictive entre colonisés et colonisateurs.

Piller les pilleurs, c’est aussi retourner cette lecture victimaire et paresseuse, qui infantilise les peuples et exonère de toute responsabilité ceux qui ne font plus rien de leur propre sol.

Le retour au frigidaire : métaphore d’un pillage familial

Lorsqu’un « Européen » retourne en Afrique pour investir, faire du business, ou exploiter des ressources, est-ce vraiment du pillage ? Ou est-ce simplement un enfant qui revient dans la maison de ses parents pour ouvrir le frigo ?

Et inversement, lorsqu’un « Africain » vient en Europe pour bénéficier de la sécurité sociale, est-ce vraiment un abus ? Ou un parent qui revient chez ses enfants pour être soigné et nourri ?

Dans les deux cas, la logique est la même : une famille fracturée qui tente de vivre sur les ruines de son histoire partagée. Le piller les pilleurs prend ici un sens presque ironique : on ne fait que se servir dans la même maison, tour à tour.

Entre plaques tectoniques et identités mouvantes

Rien ne reste en place

Les nationalistes se battent pour des terres figées, mais la géologie les contredit. Les continents bougent. Les plaques tectoniques dérivent. L’Afrique et l’Europe vont se recoller un jour, comme elles l’étaient avant. Ce n’est pas une métaphore, c’est de la science.

Ceux qui meurent pour « leur » sol ignorent que ce sol n’a pas d’ancrage éternel. Il se transforme, glisse, fusionne. Les frontières sont des illusions humaines, des lignes dessinées sur des cartes que la Terre ignore royalement.

Reconcilier les parents et les enfants

Demain, lorsque l’Afrique et l’Europe seront à nouveau physiquement unies, que dira-t-on ? Que les Africains sont revenus envahir ? Ou que les enfants ont retrouvé leurs parents ? Le conflit colonial pourrait bien, dans quelques millions d’années, être rendu obsolète par la géographie elle-même.

En attendant, mieux vaudrait reconnaître notre filiation commune, plutôt que de nourrir des guerres d’identités absurdes, où chacun croit défendre un héritage qu’il ne comprend même pas.

Héritages disparus, espèces éteintes : Homo sapiens, le parasite

Homo sapiens : une espèce violente et dominante

Chaque fois qu’Homo sapiens a rencontré une autre espèce du genre Homo, il l’a fait disparaître. Par le sang ou le métissage, peu importe. Il ne reste que nous. Les autres sont tombés, sans doute victimes de notre soif de domination.

Cette réalité brutale nous montre une chose : nous sommes des parasites intelligents. Nous ne cohabitons pas : nous éliminons. Même entre nous, les conflits explosent. Des frères linguistiques et culturels s’étripent, comme en Ukraine. Des cousins génétiques s’anéantissent, pour des raisons absurdes.

Le cas Homo floresiensis

: un mystère résiduel

Sur l’île de Flores, il existait encore récemment une autre espèce humaine : Homo floresiensis, surnommé le « hobbit ». Certains pensent qu’il a disparu il y a seulement quelques siècles, voire moins. Il mesurait à peine un mètre. Était-ce une sous-espèce de nous ? Une branche parallèle d’Homo erectus ? Peu importe.

Ce qu’on sait, c’est qu’il a disparu après l’arrivée d’Homo sapiens. Une fois de plus, l’arrivée de l’homme moderne a signé la fin d’une autre lignée. On ne partage pas la place : on l’écrase.

La colonisation : un cycle, pas une flèche

La vérité anthropologique contre la fiction politique

Oubliez les discours victimaires et les culpabilisations inutiles. La colonisation n’est pas une faute européenne : c’est un cycle universel. Elle ne commence pas avec les Portugais au XVe siècle, mais bien avec Homo erectus il y a près de deux millions d’années. Et surtout, elle ne va pas dans un seul sens.

Piller les pilleurs, ce n’est pas rejouer l’histoire à l’envers, c’est la comprendre dans sa globalité, sans tabous, sans totems, sans hypocrisie.

La modernité n’est pas une excuse

Le progrès n’excuse pas tout, mais il faut le reconnaître : l’Europe a transformé son héritage africain en puissance industrielle. 95 % des inventions modernes viennent de ce petit coin de l’Eurasie. Cela ne donne pas un droit divin à piller, mais cela impose une question : qu’avons-nous fait de notre berceau ?

Quand l’Afrique reste dépendante d’aides extérieures pendant que les Chinois, les Indiens et les Libanais investissent, il y a un problème. La richesse n’attend plus à la porte. Elle est là, mais qui la saisit ?

Conclusion : Une humanité fracturée qui tourne en rond

Nous avons tous le même ancêtre. Nous avons tous quitté le même sol. Nous avons tous le même logiciel de conquête, de pillage, de colonisation. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous africains, et nous sommes tous colonisateurs.

Les débats actuels sur la colonisation, l’immigration, les aides sociales, les identités, ne sont que des récits récents sur une histoire bien plus ancienne. Et si l’on veut vraiment avancer, il faudra commencer par piller les pilleurs de vérité, ceux qui racontent l’histoire à moitié, pour ne pas froisser les egos ou déranger les bien-pensants.

Au final, piller les pilleurs, c’est revendiquer la lucidité. Refuser les fables simplistes. Rejeter les récits à sens unique. Et surtout, se souvenir que la première colonisation n’a pas eu lieu en Afrique… mais depuis l’Afrique.