Une vie seule choisie : lucidité, sexualité et rejet du couple

La question revient souvent comme un disque rayé dans l’esprit de ceux qui observent de l’extérieur cette philosophie de vie radicale : est-ce que cette existence est monotone, prévisible, vide de sens ? Une interrogation centrale surgit : la vie seule, assumée jusqu’au bout, est-elle réellement vivable ou n’est-elle qu’un cache-misère d’un renoncement plus profond ?

La réponse, pourtant, n’est pas aussi évidente qu’elle n’en a l’air. Elle ne tient ni dans les clichés faciles des magazines féminins ni dans les discours lisses des conseillers en développement personnel. Elle demande de se salir un peu les mains, d’oser plonger dans une réalité qui dérange : celle d’hommes qui refusent le couple, qui rejettent le mariage, qui n’attendent plus rien de la micheline, et qui préfèrent vivre en payant pour ce qu’ils veulent, quand ils en ont envie. Ni plus, ni moins.

Le court terme contre le piège du long terme

Il faut commencer par regarder froidement ce que signifie organiser sa vie autour du court terme. Certains y verront une fuite, une incapacité à s’engager, un évitement des responsabilités. En réalité, c’est une stratégie d’optimisation. Le long terme, dans le modèle occidental, est devenu un gouffre à frustration, à renoncement, à drames. L’illusion de la stabilité mène droit dans le mur. Les relations longues se transforment en chaînes. La femme d’hier, séduisante, devient la mégère d’aujourd’hui. Le désir s’effondre. Le corps se flétrit. La routine s’installe. Et on s’étonne que certains hommes refusent ce scénario ?

La vie toute seule, lorsqu’elle est volontaire, bien pensée, construite avec lucidité, offre un contrôle absolu sur son existence. Les cycles sont assumés : un rendez-vous toutes les trois nuits, une gourgandine choisie, consommée, remerciée. Ce n’est pas une mécanique froide, c’est une architecture maîtrisée de l’intimité. Et contrairement aux apparences, ce schéma n’a rien de monotone. Parce que chaque rencontre, même tarifée, garde son imprévisibilité, sa couleur propre, son grain.

Le couple : temple de l’ennui

Il est grand temps de remettre les pendules à l’heure. La vraie routine, la vraie monotonie, ce n’est pas le court terme transactionnel. C’est le couple. Ce sont les jours qui se répètent, les mêmes discussions, les mêmes scènes, les mêmes gestes intimes qui deviennent un sketch figé. On connaît par cœur les réactions de l’autre. On devine les phrases avant qu’elles ne soient dites. On sent venir les disputes, les demandes déguisées, les reproches à peine voilés.

Avec la micheline, le scénario est écrit à l’avance. On ne baise plus, on coche une case du contrat non écrit du couple. On fait « l’amour » par obligation morale, par habitude, pour calmer une tension ou éviter une dispute. Et au fil des années, tout devient prévisible. Chaque caresse est scriptée. Chaque orgasme est une imitation d’un vrai. Voilà le vrai visage de la vie conjugale.

La vie seule, elle, laisse la place au renouvellement. La transaction permet la variété. Et la variété, c’est la seule vraie manière de rester vivant, sexuellement, émotionnellement, intellectuellement. Ce n’est pas le couple qui permet ça. Le couple stérilise tout.

La sexualité dans la transaction : liberté ou vide ?

Certains essaieront de plaider une autre cause : que les relations fondées sur l’échange d’argent seraient vidées de toute substance. Mais c’est une illusion. Ce n’est pas parce qu’un service est payé qu’il perd sa richesse. Il faut le dire sans détour : une femme qu’on paie, qu’on choisit, qu’on convoite puis qu’on consomme avec respect, peut procurer un plaisir bien plus authentique qu’une compagne usée par dix ans de cohabitation.

Et puis, la transaction n’est jamais purement mécanique. Il y a des surprises. Il y a des femmes qui cassent le moule. Il y a des étoiles de mer qui se rebellent. Des créatures qui provoquent le désir même quand il n’était pas là. Des regards, des gestes, des imprévus. On paie pour un cadre, pas pour une machine. Et même dans ce cadre, l’imprévisible existe. L’humanité, même tarifée, ne disparaît pas.

La vie seule n’est pas un désert. Elle peut être un terrain de chasse, un champ de liberté, une zone d’exploration constante.

Et si le désir disparaît ?

Il arrive que le désir s’absente. Trois jours passent, aucun besoin, aucune envie. Le corps est calme. L’esprit est en paix. Loin d’être un problème, c’est une bénédiction. Il faut arrêter de croire que le désir doit être constant. Le véritable luxe, c’est de pouvoir vivre ces périodes d’ataraxie sans frustration, sans conflit. Aucun besoin de se forcer, d’expliquer, de se justifier auprès d’une compagne. Pas de pression, pas de négociation, pas de culpabilité. La solitude choisie permet cela. La solitude contractuelle, libre et pleine.

Et parfois, alors qu’aucune envie ne pointait, une beauté absolue croise le chemin. Et elle rallume tout. Elle réveille le feu. Ce genre de moment n’arrive jamais en couple. En couple, tout est éteint par défaut.

La dépendance au système : une fausse contradiction

Il serait malhonnête de dire que ce mode de vie ne crée pas d’autres dépendances. Oui, il y a une dépendance au marché, à la disponibilité des services, aux dynamiques économiques d’un pays. Mais cette dépendance est lucide, volontaire, modulable. Elle ne s’impose pas comme le couple s’impose avec ses lois, ses règles, ses humiliations judiciaires en cas de rupture.

Un homme seul, lucide, sait qu’il dépend des autres. Des taxis, des restaurateurs, des médecins, des assistantes. Mais il choisit cette dépendance ponctuelle au lieu de subir une dépendance permanente à une micheline qui lui siphonne son énergie et son portefeuille. Il ne signe pas pour une vie de négociations affectives, de tensions latentes, de frustrations accumulées.

La dépendance est partout. Le mensonge, c’est de croire qu’on peut vivre sans. L’honnêteté, c’est de choisir de qui, de quoi, et quand on dépend.

Vie seule, mais jamais seul

Une vie toute seule ne veut pas dire une vie vide. Elle veut dire une vie non partagée avec une micheline, avec une compagne attitrée. Elle laisse la place à l’inspiration, à l’imprévu, à l’envie vraie. Elle permet de naviguer entre la solitude féconde et la compagnie choisie. Un homme peut avoir envie de silence, de solitude, de retrait. Puis, quelques jours plus tard, vouloir une présence féminine. Et il l’aura. Sans supplier. Sans séduire. Sans jouer le clown. Il paiera. Et ce paiement est ce qui lui garantit la paix.

Et s’il n’a pas envie ? Il reste seul. Et il est bien. Il n’a pas cette peur de finir ma vie seule que certains traînent comme une angoisse sourde. Parce qu’il a fait de cette vie seule un choix, pas une punition.

L’illusion de la « copine couteau suisse »

Une femme en couple, c’est une promesse d’omnifonction. Elle cuisine, soigne, baise, parle, accompagne, materne, conseille. Du moins, c’est ce que l’homme espère. En réalité, il obtient une version dégradée de tout. Une cuisine médiocre, un sexe routinier, une écoute passive, une tendresse conditionnelle. Et il ne peut rien dire. Parce que ce n’est pas un contrat. Il n’y a pas d’engagement sur la qualité de service. Elle est là, c’est tout. Et il faut s’en contenter. Parce que l’alternative, c’est le divorce, le tribunal, la ruine.

Dans la transaction, c’est l’inverse. Le service est ciblé, précis. On paie pour une expérience, pas pour un concept flou. Et si l’expérience est décevante, on passe à autre chose. Il n’y a pas d’attachement toxique. Il n’y a pas d’abonnement à une vie d’amertume.

Variabilité contre rigidité

Le paradoxe, c’est que la relation transactionnelle offre plus de diversité que le couple. Pourquoi ? Parce qu’elle reste souple. Parce qu’elle change. Parce qu’elle permet de découvrir. Chaque femme est un univers. Même payée. Même dans un cadre précis. Il y a de l’imprévu, du nouveau, du vivant

. Ce qu’aucun couple ne peut offrir au bout de quelques années.

Le couple, lui, devient une machine. Une machine à éteindre le désir. Une machine à broyer les élans. Une machine à frustrer.

Conclusion : choisir sa paix

Il ne s’agit pas ici de convertir qui que ce soit. Chacun mène sa barque. Mais il faut que ceux qui choisissent la vie seule sachent qu’ils ne sont pas fous. Qu’ils ne sont pas marginaux. Qu’ils sont peut-être simplement lucides. Ils ont vu ce que le couple devenait. Ils ont vu ce que le contrat implicite entre les sexes coûtait. Et ils ont refusé de signer.

La vie seule, ce n’est pas une prison. C’est un territoire. Un territoire à explorer, à défendre, à habiter avec fierté.

Alors non, la vie seule n’est pas monotone. Elle est intense, maîtrisée, organique. Et elle offre ce que le couple a cessé d’offrir depuis longtemps : la paix.